Jean-Benoît Vétillard architecture 

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Dans la perspective des villes, la marquise cristallise l’architecture à laquelle elle s’attache. Elle souligne le passage entre la rue et le lobby, entre le réel et l’imaginaire. Elle est un organe palpitant à l’image de l’hôtel, le reflet d’une activité interne. Objet contextuel, autant manifeste stylistique et formel que simple auvent, la marquise dessine avec son halo lumineux un territoire, un lieu de transition, de rencontre et d’échange, entre la dynamique collective de la ville métropolitaine et l’écosystème plus feutré du lobby. La marquise signale des paysages intérieurs. Le lobby d’un grand hôtel parisien est un espace scénographique. «Tantôt diorama, tantôt laboratoire, tantôt refuge», comme le dit Marcello Tavone dans cet ouvrage, il est une mise en scène d’éléments narratifs (colonnades stylisées, mobiliers, compositions florales…), d’acteurs et de figurants (le personnel de salle et ses costumes, des voyageurs en mouvement…), qui donne forme à des environnements fictifs parallèles. Cet espace théâtral est circonscrit, les mouvements humains et climatiques sont maîtrisés. De cette transition entre l’intérieur et l’extérieur dépend le sentiment exceptionnel d’habiter ailleurs. La marquise signale la rencontre de deux climats. Composée uniquement de fibre de lin et de résine naturelle, cette marquise semi-circulaire fait écho à l’architecture dans laquelle elle s’inscrit. La lumière naturelle du jour et son éclairage LED intégré la nuit sont filtrés par cette fine surface végétale aux teintes ambrées. La porte-tambour, destinée à jouer le rôle de sas limitant les échanges d’air entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment, génère au passage des visiteurs l’énergie nécessaire à la marquise. La poussée de l’utilisateur sur ses vantaux est convertie en énergie, via un générateur relié à l’arbre d’entraînement de la porte, produisant une variation d’intensité de la lumière qui confère à la marquise un caractère vivant. Ce volume translucide est comme une chrysalide, le mouvement de la lumière est une respiration. La marquise signale le passage entre deux époques.

[année] 2019
[programme] Création d’une marquise, travail prospectif dans le cadre de l’exposition Hôtel Métropôle depuis 1818
[maître d’ouvrage] Pavillon de l’Arsenal
[ville] Paris (fr)
[budget] 30 K
[mission] Complète
[équipe] Bianca Lassandro
[entreprise] Atelier Synapses
[photographie] Salem Mostefaoui

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